samedi 12 janvier 2013

La décision d'Isabelle Panadazopoulos




Eh oui, les derniers sont les premiers ! Sitôt refermé ce roman, j’ai dû écrire la chronique tant j’ai de choses à dire dessus !

Tout d'abord, je remercie Les Editions Gallimard pour ce roman. C'est un livre qui m'aurait attiré à la base : le thème et la couverture m'ont intrigué. Ce n'est pas que je n'ai pas aimé ce livre... C'est que j'ai beaucoup de chose à lui "reprocher", trop, pour pouvoir lui mettre un 3/5 et le classer au final dans les livres « qui m'ont plus sans me plaire, que j'oublierai vite ».

La décision d'Isabelle Pandazopoulos est un roman de presque 250 pages qui sera publié le 31 Janvier 2013 par les Editions Gallimard, dans leur collection Scripto. L'auteur a choisi de nous parler du déni de grossesse en mettant en scène Louise, une adolescente belle, bonne élève, sage… bref : parfaite, qui va accoucher d'un petit garçon pendant un cours de math. Louise est persuadée de n'avoir jamais eu de relations sexuelles avec un garçon mais on refuse de la croire. Que faire de ce bébé tombé du ciel ? Le garder ? L'abandonner ? Pour sortir de cette épreuve, Louise devra parcourir un long chemin...

En lisant la préface que l'auteure adresse aux chroniqueurs on-lit-plus-fort, j'ai découvert que j'avais lu son précédent roman de la même collection : On s'est juste embrassé, que je n'avais pas aimé... Loin de rester sur ce premier avis plutôt mitigé, je me suis attelée avec entrain à ce nouveau livre qui n'a pas duré une journée... Au départ, j'ai été désarçonnée car je m'attendais à suivre le point de vue interne de Louise, avec un narrateur en "je". L'auteure a fait choix de reléguer ce point de vue parmi tant d'autre, ce qui, à mon avis, porte préjudice au roman et au sujet qu'elle aborde. En effet, je me suis sentie éloignée du thème et de Louise,  de ce qu'elle vivait et ressentait. Car s'il est marqué dans la couverture que "Professionnels, famille, amis, tous vont aider Louise à passer de l'état de choc où elle se trouve plongée au retour à la vie", j'ai plutôt eu l'impression que tout le monde la jugeait sans chercher à l'aider. Notamment ses parents : j'avais l'impression qu'ils la traitaient comme une coupable, qu'ils la rendaient responsable... Je ne crois pas que ce soit le but recherché de l'auteure, au contraire, et je conçois que les parents soient choqués, désemparés et qu'ils se sentent impuissants... Il n'empêche que j'ai eu l'impression qu'ils la rendaient coupable de ce qui arrivait. Notamment par les mots qu'ils choisissaient quand ils parlaient... Les professionnels m'ont paru vouloir l'aider mais l'auteure faisant choix de nous dévoiler leurs pensées, j'ai eu aussi cette impression de jugement. Quant à ses amis, ils sont très en arrière-plan et le seul que j'ai aimé est Samuel ! En gros, je n’ai aimé aucun personnage secondaire !
Quant à Louise, la protagoniste, si c'est le personnage que j'ai préféré, je n'ai pas su m'y attacher. Le fait de ne pas suivre ses propres pensées dès le début du roman me l'a fait découvrir comme les autres la voyait et non pas comme elle était vraiment. 

Dans ce début de roman, l'auteure a incorporé un rapport de SAMU et des articles de lois. Malheureusement, j'ai l'impression que ce n'était qu'une ébauche non aboutie de quelque-chose, rendant ces articles seuls et un peu en plan...

L'histoire se déroule sur quelques semaines, six environ. J'ai eu l'impression qu'elle s'étalait sur 2 ans et j'ai trouvé ça long. Au début du roman, on nous dit que Louise a 3 ou 4 jours pour décider du sort de son enfant... Décision qu'elle prend à la fin du livre ! Je ne crois pas que ce soit une contradiction de la part de l'auteure mais ça m'a "dérangé". « Interpellé » serait sûrement plus exact. J'ai trouvé le laps de temps de l'histoire peut-être trop long pour ce qui est de la décision à prendre...

Autre point, totalement personnel cette fois-ci, mais qui a contribué à cet avis mitigé : le style d'écriture. Pour moi, une phrase commence par une majuscule et se termine par un point. Or, l'auteure utilise un style souvent retrouvé dans le but de nous montrer le désarroi d’une personne, de montrer à quel point elle est perdue : "le style de la succession de virgule" (ne connaissant pas de terme particulier pour désigner ce style...). Petite citation:  "[...] je marche à côté de moi-même, absente, désincarnée, il n'y a pas de rapporte entre ma tête et mon corps, si peu, je ne suis qu'une image à laquelle tout le monde croît, mais dedans rien à l'intérieur rien, rien senti, rien vu venir, rien, je suis une tête sans corps, privée de sensations, sentiments, une machine, anormale... qui s'est mise en route, seule, sans moi, sans ma tête qui s'acharnait sur des gammes, encore plus de vélocité, une trille légère..." Le passage fait plus d'une page donc je ne vais pas tout citer, mais c'est pour que vous compreniez de quoi je parle. Personnellement, ce genre de passages, je les lis de travers... De longues phrases : Oui. Une page de virgules : non…
L'auteure mélange ce style à virgule avec un style classique de phrases "normales", ce qui donne un aspect assez bizarre par moment (mais qui m'a permis de terminer le livre...) car on change sans arrêt de style dans la manière d'écrire, comme si l'écrivain n'avait su choisir... 

Ce que je voulais savoir surtout, c'était l'identité du père, sur laquelle je m'étais trompée, et le "pourquoi" du déni. J'ai été déçue par ce "pourquoi". J'aurais aimé que l'auteur choisisse un pourquoi qui aurait pu être davantage travaillé et approfondit. Un pourquoi qui aurait demandé un travail sur soi, un traumatisme dont personne ne pouvait se rendre compte. Un « trois fois rien » qui aurait déclenché ce déni. Or, ça m'a semblé "logique". Comme si ce déni était une suite logique de ce que Louise avait vécu, notamment à cause de cette amnésie. Ceux qui liront ce roman comprendront pourquoi je dis cela, je pense... 

Que conclure de ce roman ?

J'ai trop de chose à reprocher à ce roman pour pouvoir dire qu'il m'a plu. Le thème de base me tentait mais j'ai trouvé qu'il restait trop superficiel et pas assez creusé car la raison du déni m'a semblé être une réponse 'logique" et non pas un traumatisme dont personne ne soupçonnait rien. De plus, j'ai trouvé que le style narratif de l'auteure pénalisait le thème en instaurant une trop grande distance avec Louise et en montrant un jugement négatif autour du déni de celle-ci, comme si elle était coupable. Les passages à succession de virgules m'ont particulièrement agacée et je les lisais de travers. 
Bref, je n'ai pas été convaincue par ce roman, qui, selon moi, ne transmet que très peu d'émotion et ne va pas assez en profondeur...




6 commentaires:

  1. Je t'avoue que le sujet me plait assez aussi, c'est dommage qu'il ne soit pas exploité comme il faut !

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  2. Je ne suis pas du tout d'accord avec toi !
    Nous n'avons pas ressenti ni vu les mêmes choses :)
    Ma note : 4/5, presque un coup de coeur.
    J'ai aimé les changements de personnages/points de vue, les styles narratifs rendant bien compte des changements de voix et de leurs personnalités !
    Le style à virgule m'a montré les pensées qui se chevauchent, se succèdent et la panique de Louise.
    J'explique toutes les particularités de "pensées décousues" et "sentiment de culpabilité" par le métier de l'auteur : elle travaille avec les jeunes, elle doit donc retranscrire ce qu'elle a réellement VU de la part des parents, ou des jeunes, et vouloir montrer ce qu'il se passe en réalité.
    Elle ne montre pas une vision idéaliste des parents, et psys qui aident, mais bien les gens perdus et désorientés, comme cela doit se passer tous les jours !
    Il n'y a que très peu de gens fantastiques qui savent comment aider, soutenir et réagir...

    Enfin, je ne comprends pas du tout ce que tu veux dire par "le pourquoi du déni". Tu parles du déni de grossesse? Ou le déni d'être mère?
    Je ne comprends pas du tout ce que tu as voulu dire :/

    C'est fou de voir comme on y voit tous des choses différentes ! ^^

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    1. Personnellement, je m'attendais à plus de sentiments vu qu'elle travaille avec les jeunes. Je ne dis pas que ce qu'elle écrit est faux par contre, mais je n'ai pas aimé sa manière d'écrire pour le montrer.

      Et ce qui m'a choqué pour les parents, c'est qu'ils accusent presque leur fille ! Qu'ils soient perdus et tout ça, je l'ai bien compris et ça me semble totalement logique mais de là à lui en vouloir...

      Et donc, pour le déni, je parle du déni de grossesse. Le déni d'être mère en lui-même en bien perçu je trouve.

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  3. Je pense que, si j'étais tombée dessus en librairie, je l'aurais acheté : le sujet, la couverture, le résumé... vraiment, je pense que je me serais laissée tenter. Mais, après avoir lu ta chronique... Je pense moi aussi qu'un narrateur unique est plus approprié quand on traite d'un sujet aussi... personnel. Dommage !

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    1. D'autres ont aimés... Mais voilà, j'attendais peut-être trop de ce livre, je ne sais pas...

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